L’appellation “logiciel libre” désigne un logiciel dont le code est ouvert, accessible à tous et donc modifiable par chacun. Une innovation technique? Non, d’abord une philosophie…

Logiciel libre définition

Le free software, ou logiciel libre, est un logiciel dont le code de programmation est ouvert à tous les utilisateurs, à la fois légalement et techniquement.

Avec le logiciel libre, la possibilité pour chacun d'améliorer le programme qu'il utilise

Avec le logiciel libre, la possibilité pour chacun d’améliorer le programme qu’il utilise

Sur le plan technique, le code du logiciel n’est pas bloqué, et, à la différence des logiciels propriétaires qui n’offrent qu’un droit d’utilisation payant, le logiciel libre donne un droit de modification à toute personne. Les utilisateurs ont la possibilité d’utiliser, copier, distribuer, étudier, changer et modifier le logiciel.

Un partage, mais aussi une adaptation et une personnalisation des logiciels selon les besoins de chacun, qui sont particulièrement utiles et recherchées par les entreprises dans l’informatisation de leur gestion, à l’instar d’un logiciel de gestion de stock, comme le montre le succès des ERP (ou PGI), progiciels de gestion intégrés, dont Odoo est l’exemple le plus en vogue.

Cette possibilité de modification, on voit d’emblée qu’on ne peut la séparer de l’autre aspect du logiciel libre, qui est sa liberté légale. Pas seulement une possibilité technique, mais d’abord, et surtout, comme on le verra d’après l’histoire de sa fondation, une liberté.

Dans “libre”, en effet, il faut entendre liberté, et non pas gratuité ; ce n’est pas une question de prix, mais de philosophie, et ensuite de légalité.

En ce sens, le logiciel libre s’oppose aux logiciels qui disposent d’un copyright, c’est-à-dire d’un propriétaire qui défend la modification par les utilisateurs, et vend le logiciel dans le but de faire du profit. La marque des logiciels libres, au contraire, c’est le “copyleft”, qui n’est d’ailleurs pas reconnu légalement, et qui signe la possibilité donnée par l’auteur aux utilisateurs de disposer librement de “son ” logiciel…

Logiciel libre, une philosophie

La liberté est la valeur qui a guidé la fondateur du logiciel libre, Richard Stallman.

Si l’on remonte un peu en arrière, dans les années 1960, les droits d’auteurs ne touchaient pas les logiciels. C’était seulement le matériel informatique qui constituait une source de revenus pour les constructeurs, et le logiciel n’était là que pour faciliter la vente; ensuite, on se le partageait sans cas de conscience, ni interdiction légale.

Cela change cependant, au début des années 1970 : les constructeurs commencent par facturer séparément logiciels et ordinateurs, et, en 15 ans, la micro informatique va se développer en suivant ce modèle, et en s’orientant vers l’établissement de licences d’utilisation, comme en témoigne une lettre de Bill Gates aux hobbyistes, les invitant à arrêtant la copie illégale des logiciels.

Parallèlement, dans les années 1980, les constructeurs bloquent l’accès au code pour les utilisateurs : impossible de corriger ou d’améliorer le code désormais, ni de solutionner les bugs qui surviennent. Il faut à chaque fois s’en remettre aux constructeurs, dont l’utilisateur devient dépendant, ce qui, on va le voir, est une des barrières et servitudes contre laquelle s’érige le fondateur du logiciel libre.

Notons au passage qu’on retrouve les 2 composantes du logiciel étroitement liées : la partie technique et la partie légale.

Cette interdiction d’accéder au code, un chercheur du laboratoire d’intelligence artificielle du MIT de l’époque la ressent amèrement, et il pressent que le revers de ce droit des propriétaires est avant tout une limitation de sa liberté par une sphère que dirige le profit. Ce chercheur, il a pour nom : Richard Stallman.

Le père du logiciel libre, Richard Stallman

Le père du logiciel libre, Richard Stallman

Sous ses airs hippies, ce programmeur n’a pourtant rien d’un activiste passif, cherchant une retraite sur les plages de Californie, où lui et ses compères se brûleraient les yeux en contemplant trop longuement les couchers de soleil… (parce que, bien sûr, mère nature ne peut nous faire du mal, et que nous ne faisons qu’un avec elle).

Richard Stallman, après sa première expérience d’exclusion d’un code dont il n’était qu’utilisateur, décide de monter la Free Software Foundation. Il donne une définition précise du logiciel libre et rédige la licence publique générale GNU (GPL).

Le principe de cette licence est simple : utiliser le droit d’auteur pour garantir les libertés accordées aux utilisateurs, et empêcher ainsi qu’une évolution, amélioration du logiciel ne soit plus libre.

Et le slogan de Richard Stallman lui aussi est simple : quand les utilisateurs ne contrôlent pas le programme, c’est le programme qui les contrôle.

La fondation de Richard Stallman pour la défense du logiciel libre

La fondation de Richard Stallman pour la défense du logiciel libre

Logiciel libre, techniques et valeurs

Accès aux sources

Pour modifier, améliorer et personnaliser un logiciel (comme le cas d’un logiciel de gestion locative), il faut pouvoir accéder à son code source. Un logiciel, en effet, est souvent distribué sous une forme compilée, prêt à être exécuté par un ordinateur, et pour cette raison, son code est écrit dans un langage machine… que des yeux et un cerveau humain ne peuvent pas lire facilement. En revanche, si l’utilisateur dispose d’un accès au code source, il peut savoir ce que le programme exécute, et y apporter ses modifications.

Contrôle par l’utilisateur

C’est un des fondements du logiciel libre, tel qu’on l’a reconnu dans le slogan de Richard Stallman : ne pas faire de l’utilisateur l’esclave de son logiciel. Cela suppose que chacun peut étudier ce que fait le logiciel et le modifier, à la fois individuellement et collectivement (une entreprise, par exemple, ou un réseau d’utilisateurs qui se donnent des conseils pour résoudre des bugs récurrents : on remarque ici que la liberté du logiciel permet l’amélioration du produit ! Sans avoir à attendre les modifications d’un propriétaire, la stabilisation de la version, etc.).

Un slogan que Richard Stallman revendique pour le logiciel libre

Un slogan que Richard Stallman revendique pour le logiciel libre

Communautés

C’est le point que l’on vient d’effleurer. Une communauté de développeurs non officiels travaillent pour les logiciels libres, en les modifiant et les améliorant. Cela contribue à la meilleure qualité des produits. La communauté est ici synonyme de réactivité et de qualité. Collaboration, entraide, partage, échange, mutualisation : on comprend que Bill Gates ait ironiquement parlé de communisme pour désigner la communauté souterraine des développeurs de logiciels libres. Mais est-ce un mot négatif ici ? Dans sa bouche peut-être, mais au niveau des effets concrets, cela présente un avantage et une liberté certains.

Formats ouverts

La majorité des logiciels libres respectent les formats standards ouverts (en opposition aux formats propriétaires ou fermés), c’est-à-dire que le mode des représentations de données du logiciel est rendu public, et qu’aucune barrière légale ou juridique n’empêche son utilisation.

Le but est l’interopérabilité, qui est la capacité, pour un produit ou un système, de fonctionner avec des systèmes ou produits autres, sans entrave.

Commercialisation

Dans la charte de Richard Stallman, commercialiser un logiciel libre, c’est possible, mais il ne faut pas qu’un vendeur ait l’exclusivité. Autrement dit, on contrecarre le retour sur investissement direct. Et on sort de la logique du profit.

Une autre règle impose de ne pas commercialiser un produit extrait d’une utilisation d’un logiciel libre. Cela dit pour les malins qui voudraient se faire de l’argent sur le dos des autres…

Mais cette règle n’est pas toujours aussi contraignante, et il existe des formes de juridiction qui autorisent de rendre payantes certaines fonctionnalités.

Sécurité

L’ouverture du code source à tous : avantage ou inconvénient ?

Ce libre accès permet l’examen du programme par des experts indépendants. Il rend impossible la sécurité par l’obscurité, mais possible, en revanche, le repérage des failles de sécurité par la communauté officieuse et mondiale des développeurs !

Innovation

Le logiciel libre, sans conteste, fait la part belle à l’innovation, et surtout à la personnalisation.

Logiciel libre et logiciel open source

L’open source désigne l’ouverture du code à l’utilisateur.

Dans le cas particulier des ERP open source, certains sont payants, ou intègrent des volets payants (comme Odoo 9), ce qui les différencierait des logiciels open source.

En revanche, sur le principe et le fonctionnement, ils semblent identiques.

Logiciel libre et logiciel open source : même combat ?

Logiciel libre et logiciel open source : même combat ?

Et pourtant ! Le fondateur des logiciels libres, très attaché à ses valeurs de liberté et de partage, met les points sur les i et refuse l’assimilation de ces deux types de logiciels. Dans “open source”, selon lui, on n’entend plus résonner le mot liberté… L’ouverture est une fonctionnalité technique, mais elle n’est plus une valeur…

On ne saurait lui donner tort.